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Dans le fond

La théorie du rire
Inutile de me lancer dans une grande théorie métaphysique sur le rire, certains s'en sont déjà occupés !
Pour ceux que le sujet intéresse, je vous recommande les lectures suivantes :
·         Anthropologie en ligne
·         La philosophie et le rire
·         H. Bergson - Le rire
Aristote associe étroitement la comédie avec le comique et même si les théoriciens du XVIe et du XVIIe siècle protestent contre cette idée, c'est celle que je retiens comme particularité du genre : la comédie cherche à faire rire, ou du moins à faire sourire le spectateur.
Cette définition englobe donc les formes les plus comiques (farce, commedia dell'arte) et les plus fines (vaudevilles, comédie romantique, comédie absurde, comédie grinçante, etc.)
En résumé :
·         Le rire est associé à la surprise.
·         C'est un réflexe nerveux et non contrôlé. Il peut être déclenché par des éléments d'une grande subtilité intellectuelle comme par le renversement des tabous les plus vulgaires (liés au sexe, au pouvoir, etc.)
·         Le rire provoque et permet une distanciation, un recul du lecteur/spectateur par rapport à un sujet (souvent douloureux) qu'il vit habituellement au premier degré. Plus cette distanciation est brutale et inattendue, plus la surprise est grande, plus le rire est intense. Selon Bernard Champion : "Il est des situations tendues, des conflits qui soudain se détendent et se résorbent dans un rire d’autant plus salutaire, sinon d’autant plus franc, qu’on a “frôlé le drame”."
·         Le rire est une réponse à un danger, un désamorçage d'une peur. C'est un soulagement.
Dans le scénario : pour provoquer cette décharge libérative, les œuvres comiques n'hésitent pas à mettre en scène des situations angoissantes et tragiques qui feront monter la tension du spectateur jusqu'au point de rupture où l'on désamorcera - de façon brutale et souvent improbable - la bombe qui menaçait d'exploser.
Dans le langage : le contre-sens est l'une des formes les plus utilisées : on croit comprendre quelque chose, mais le double sens d'un mot ou d'une expression - parfois la situation - nous fait rapidement réaliser que c'est le contraire qui est dit. Nous rions beaucoup plus volontiers lorsque l'un des personnages reste sourd à ce second degré, car son existence nous permet de prendre nos distances vis-à-vis de lui, vis-à-vis de notre erreur première.

Dans la forme

Ça, ira, ça ira, ça ira
La comédie est presque toujours une œuvre révo- lutionnaire (et donc contestataire). L'immense majorité des pièces qui appartiennent à ce genre racontent l'histoire d'un père (symbolisé par un roi, un seigneur, un riche bourgeois, un patron, etc.) qui se fait couper la tête au sens figuré.
Il perdra dans l'aventure au moins l'un des attributs de sa fonction :
·         Son pouvoir (matériel ou spirituel)
·         Sa richesse (matérielle ou spirituelle)
·         Sa prestance / son honneur (il finira ridicule, démasqué, moqué, rejeté de tous)
·         Sa virilité (il finira cocu ou sera quitté, sera émasculé, etc.)
Cette révolution se fait évidemment au profit du "gentil", du faible, du jeune homme, du pauvre qui seront libérés du joug du père/roi et profiteront quelquefois de ses richesses perdues.
Dans les œuvres récentes, la figure du père est parfois symbolisée par le "système", par une société mécanisée et inhumaine, un pouvoir à plusieurs têtes, d'autant plus difficile à renverser, et d'autant plus angoissant.
Depuis la Rome antique et jusqu'au 20e siècle (où les auteurs se sont employés avec une grande énergie à brouiller toutes les pistes) la comédie s'appuie sur 3 types de personnages :
1.    Le(s) vieux symbolise(ent) le pouvoir en place
2.    Le(s) jeune(s) qui est/sont opprimé(s) par ce pouvoir.
3.    Les esclaves/valets/serviteurs/employés qui sont au service des 2 premiers types
Le personnage du jeune (le héros) est construite par opposition à celle du vieux (le méchant) : si le vieux est avare, le jeune est généreux, si le vieux est brutal, le jeune est doux, si le vieux est lâche ou prudent, le jeune est courageux ou téméraire.
Les vieux et les jeunes participent peu à l'action. Ils ne sont là qu'en tant que personnages-types et restent prisonniers de leurs fonctions. Leurs actions sont sans surprise, même si leur psychologie est parfois une grande source d'intérêt.
Le valet du vieux est également peu surprenant : brutal, méchant et cynique, il ne représente qu'une copie vulgaire de son maître.
Toute l'action, toute la surprise vient du valet/serviteur qui se trouve au service du jeune. Rusé, inventif, étonnant, sans tabous il sera capable de tous les tours de passe-passe, tous les travestissements, tous les renversements pour défendre les intérêts de son maître.
Ce valet n'est pas victime/prisonnier de la morale ni des règles sociales. Il sera le serpent qui propose à Eve de goûter la pomme interdite et fera chasser (mais aussi libérer !) l'homme et la femme d'un Paradis trop monotone. Dans "Bienvenue chez les ch'tis" Il sera le brave Antoine qui libère son patron Philippe d'un système inhumain et oppressant (qui s'exprime pas la dépression de sa femme) en lui enseignant les valeurs humaines les plus simples : l'amour et le respect de l'autre.
Le scénario est le suivant :
·         Le jeune est victime d'une oppression, il désire quelque chose qu'il ne peut obtenir. Les femmes étant interdites de scène du premier au 17e siècle - même si elles y sont représentées par des hommes travestis - il s'agit alors souvent d'un problème d'argent, d'une quête honorifique quelconque, plus rarement d'un désir amoureux. À partir du 17e, il s'agit presque toujours d'un désir amoureux.
·         Le vieux est le responsable de l'oppression. Le désir du jeune pourrait remettre sa position en question ou contrarie ses propres projets et il s'y oppose avec fermeté, souvent avec brutalité.
·         Les premières scènes placent le jeune en situation d'échec et de souffrance. Il essuie une remontrance brutale, perd de l'argent ou perd la considération de ses amis ou de sa fiancée. Les attributs du père (pouvoir, richesse, honneur, virilité) lui sont donc tous retirés.
·         Le valet cherche à servir son maître, mais il a souvent aussi son propre intérêt à renverser la situation. Il annonce au jeune qu'il va le secourir, mais dévoile rarement son plan, souvent inavouable. Pour parvenir à ses fins, il va user de tromperie (mensonges, déguisements, quiproquos provoqués ou entretenus) jusqu'à créer une situation tellement absurde qu'elle ne peut que se terminer dans une crise violente.
·         La tension du lecteur/spectateur est alors à son comble. Comment cette crise va-t-elle se résoudre ? Le valet a-t-il sacrifié les dernières chances que le jeune avait de s'en sortir ? Va-t-il le placer dans une situation encore plus terrible que celle qu'il connaissait ?
·         La fin est toujours inattendue et improbable. Par un "coup de théâtre", le jeune voit son désir accompli et gagne, souvent au détriment du vieux, les attributs de la réussite (pouvoir, richesse, honneur, virilité).

Résumé :

La comédie est le chant de l'espoir. Le valet est un ange salvateur, un miracle qui n'obéit pas aux règles de la société (il n'a souvent aucune morale). C'est en croyant - envers et contre tout - à sa chance, aux miracles et à l'espoir que l'homme peut se libérer de ce qui l'opprime.


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